La Commission européenne a lancé, le 17 novembre 2021, les 28 premiers appels à projet (AAP) de « Europe numérique », le programme européen de soutien aux investissements dans les technologies clé du numérique et à leur déploiement dans l’industrie européenne.
Adopté le 29 avril 2021, le programme « Europe numérique », également connu sous son nom anglais « Digital Europe », vise à déployer des technologies numériques au profit des citoyens, des entreprises et des administrations publiques, tout en améliorant les compétences numériques de pointe pour soutenir le progrès numérique dans l’Union européenne. Avec un budget global de 7,5 milliards d’euros pour la période 2021-2027, des projets dans cinq domaines essentiels pourront être soutenus par le programme : les supercalculateurs, l’intelligence artificielle (IA), la cybersécurité, les compétences numériques avancées et une utilisation plus large des technologies numériques dans l’économie et la société.
Le 10 novembre 2021, après plusieurs mois de discussion, la Commission européenne a adopté trois premiers programmes de travail pluriannuels auxquels elle dédie 1,98 milliards d’euros jusque fin 2022, et qui contribueront à atteindre les objectifs de la Décennie numérique de l’Europe.
Le programme de travail principal affecte 1,38 milliard € aux investissements dans les domaines de l’IA, de l’informatique en nuage et des espaces de données, des infrastructures de communication quantique, des compétences numériques avancées et de l’extension de l’utilisation des technologies numériques dans l’ensemble de l’économie et de la société. Les actions concrètes attendues permettront par exemple :
- le déploiement d’espaces communs de données facilitant le partage de données au niveau européen pour les entreprises (notamment les PME et les start-ups) et pour le secteur public, au travers de solutions numériques garantissant la sécurité des flux de données,
- la création d’installations d’essai et d’expérimentation pour les solutions fondées sur l’IA, pour booster l’utilisation d’une IA de confiance,
- le déploiement d’infrastructures de communication quantiques sécurisées pour l’UE offrant une forte résilience face aux cyberattaques,
- la mise en place de Masters dans le domaine des technologies numériques avancées essentielles pour renforcer les compétences numériques en Europe,
- la création, l’exploitation et la maintenance évolutive et continue de services numériques favorisant l’interopérabilité transfrontière de solutions soutenant les administrations publiques (par l’identité numérique européenne).
Un deuxième programme de travail consacre 269 millions € au financement de projets dans le domaine de la cybersécurité. Outre le développement et une meilleure utilisation des connaissances et des compétences en matière de cybersécurité, ce programme de travail pluriannuel encourage le partage des bonnes pratiques et vise un déploiement à grande échelle de solutions de pointe en matière de cybersécurité dans l’ensemble de l’UE.
Enfin, le troisième programme prévoit, jusqu’à la fin 2023 cette fois, 329 millions € réservés à la mise en place du réseau de pôles européens d’innovation numérique, les EDIH (European Digital Innovation Hubs). Ces réseaux offriront un accès à l’expérimentation des technologies pour soutenir la transformation numérique des entreprises, notamment les PME et les start-ups, ainsi que le secteur public.
Cette adoption des premiers programmes de travail a permis à la Commission européenne de lancer dès le 17 novembre, les 28 premiers appels à projets au travers desquels des investissements et des actions vont pouvoir se concrétiser. Avec un budget de 415 M€, ces 28 appels visent à mettre sur le marché des solutions numériques au profit des citoyens, des administrations publiques et des entreprises et prévoient de soutenir des projets dans les thématiques suivantes : l’infrastructure « cloud-to-edge », les espaces de données, l’intelligence artificielle, l’infrastructure de communication quantique, le développement de formation pour l’acquisition de compétences numériques avancées, et enfin toutes les actions qui permettront de développer un internet plus sûr, notamment dans la lutte contre les abus sexuels pour les enfants mais aussi contre la désinformation.
Enfin, cette première vague d’AAP d’Europe numérique inclut le premier appel à projets consacré au déploiement des EDIH. Attendu depuis février 2021, notamment par les acteurs du territoire du Grand Est qui avaient commencé à travailler à la mise en forme d’un EDIH Grand Est dès 2020, cet appel devrait permettre la candidature de dix-sept projets français, d’ores et déjà présélectionnés par le gouvernement français. En effet, la Commission européenne avait envisagé la mise en place d’un réseau interrégional de EDIH selon un processus en deux temps : d’une part une première présélection nationale par les États membres par un appel à manifestation d’intérêt (AMI EDIH qui a eu lieu du 22 juillet au 30 septembre 2020), d’autre part une sélection européenne via un appel à projet ouvert aux seuls candidats présélectionnés. Les EDIH retenus signeront un contrat avec la Commission européenne pour 2021-2023 et pourraient éventuellement être prolongés pour 2024-2027, avec des cofinancements annuels de l’ordre de 500k€ à 1M€ par EDIH et limités à 50% des dépenses éligibles.
Outil important contribuant à répondre notamment aux ambitions du Business Act Grand Est #2, l’EDIH Grand Est participera à accélérer la transformation numérique des industries du territoire en leur facilitant l’accès à trois technologies de pointe : IA, Cybersécurité et Calcul Haute Performance (HPC). Il se positionnera comme un facilitateur de la mise en relation et un accélérateur de business au service de l’économie du territoire. Il permettra enfin de constituer un réseau européen de EDIH facilitant des mises en relation avec des entreprises d’autres régions françaises et européennes partenaires.
Ces 28 appels, ouverts aux entreprises, organisations et services publics des États membres de l’UE, ainsi qu’aux entités d’autres pays associés au programme (comme la Norvège, l’Islande et le Liechtenstein), se clôtureront le 22 février 2022. L’ouverture d’une seconde vague d’AAP est annoncée pour début 2022.