Ce mercredi 24 février, la Commission européenne a publié sa stratégie pour l’adaptation aux changements climatiques, une actualisation de sa communication de 2013 sur le sujet. Au-delà des mesures d’atténuation du changement climatique, qui certainement ne suffiront pas à enrayer le changement climatique, cette stratégie propose des mesures d’adaptation afin de faire face à ses conséquences. Elles se concentrent sur la compréhension des causes et des effets, la planification et l’action à long terme.
À défaut de proposer de nouvelles grandes initiatives concrètes sur ce sujet, cette stratégie permet de remettre en perspective les diverses actions en cours et à venir pour atteindre les objectifs européens suivants:
- Améliorer les connaissances autour des impacts des changements climatiques
- Renforcer la planification et la gestion des risques
- Accélérer le déploiement d’actions mêlant innovation et prévention
- Mettre en place des solutions naturelles pour contrer les dangers
Des décisions soutenues par la science
Malgré les progrès réalisés, de grandes lacunes subsistent dans nos connaissances en matière d’adaptation. La prise de décision sera facilitée en s’appuyant sur des données scientifiques sûres, en écartant les incertitudes. Grâce à son expérience des programmes-cadres pour la recherche et l’innovation (avec notamment Horizon Europe et le programme Europe Numérique), l’Union bénéficie de données qualitatives. En outres, les données des secteurs privé et public doivent être enregistrées, collectées et partagées sur le nouveau Risk Data Hub de manière complète et harmonisée. Le site Climate ADAPT centralisera également diverses sources de données fiables sur les impacts climatiques et l’adaptation, en tant que mécanisme de suivi et de notification. Cette plateforme accueillera notamment le nouvel observatoire du climat et de la santé.
La transformation numérique est essentielle pour atteindre les objectifs d’adaptation du Green Deal. Le programme d’observation Copernicus facilitera l’utilisation de données scientifiques et aidera à développer des services, tels que l’attribution des phénomènes extrêmes au réchauffement climatique. Il est effectivement indispensable de comprendre les interdépendances entre le changement climatique, les écosystèmes et les services qu’ils fournissent.
Une implication à tout échelon
Malgré l’adoption de stratégies et de plans d’adaptation nationaux par les Etats membres, les mesures demeurent inégales. Les stratégies d’adaptation resteront des instruments importants. Les autorités nationales, régionales et locales devraient les développer davantage. La Commission européenne soutiendra le renforcement des capacités administratives des États membres en vue de la mise en œuvre de politiques d’adaptation par l’intermédiaire de son instrument d’appui technique.
Pour finir, l’UE soutiendra les efforts d’adaptation au niveau international. Les changements climatiques menacent les populations locales, mais les plus pauvres sont les plus touchés et les moins capables d’y faire face. Les effets du changement climatique se propagent au-delà des frontières. Ils représentent également une menace pour la paix et la sécurité. La Commission européenne propose donc de dynamiser la coopération transfrontalière pour y faire face. Le « pacte des maires de l’UE » sera revu pour mieux aider les collectivités locales et régionales dans leurs actions.
Des solutions naturelles pour faire face aux menaces
La Commission européenne donne ici la réplique à plusieurs stratégies existantes. Les solutions mentionnées concernent la gestion durable des eaux et des sols. Une utilisation durable de l’eau nécessite des transformations dans tous les secteurs. La Commission européenne accordera la priorité à cette question grâce à l’engagement renforcé de la stratégie commune de mise en œuvre des directives-cadre sur l’eau et sur les inondations. Elle proposera des solutions naturelles pour l’éliminationdu carbone. Cela comprend la comptabilisation des émissions et la certification des réductions d’émissions dans les prochaines initiatives. Les sols quant à eux feront prochainement l’objet d’une stratégie dédiée.
Pour favoriser l’atteinte des objectifs ambitieux, de nombreuses sources de financement seront disponibles : le FSE+, Erasmus+ ou même la facilité pour la reprise et la résilience financeront la requalification et la formation des différents corps de métier concernés. En ce qui concerne les projets et démarches améliorant la capacité à faire face au changement climatique, appelée « résilience climatique », le programme LIFE, la Politique Agricole Commune, InvestEU et les fonds structurels peuvent entrer en jeu. Les programmes Europe Numérique et Horizon Europe couvriront quant à eux les projets d’innovation de pointe.
Le Grand Est concerné
En France et dans le Grand Est les effets du changement climatique se font déjà ressentir. Ainsi, la DREAL (Direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement) relève notamment d’ores et déjà les effets suivants :
- Les sécheresses se font plus fréquentes et les températures sont en hausse. (Certains experts du GIEC annoncent jusqu’à 50°C en été en 2050.)
- Les précipitations se font plus importantes mais moins efficaces en terme de rétention de l’eau dans les sols. Le risque d’inondations est accru mais le degré de gravité reste incertain.
- La viticulture et l’agriculture sont particulièrement touchées et auront davantage besoin d’irrigation. Cela impacte également le rendement économique.
- L’aspect sanitaire est lui aussi en jeu, avec des problèmes de santé accrus. Ils sont liés à la pollution de l’air mais aussi aux chaleurs plus intenses.