Tous les ans à l’automne a lieu la Semaine européenne des régions et des villes qui, principalement à Bruxelles, offre une plate-forme de rencontre entre les décideurs politiques aux échelles européenne, régionale et locale ainsi que des représentants de la société civile. Événement phare de la politique de cohésion, il est porté par le Comité européen des régions ainsi que la direction générale de la politique régionale et urbaine (DG REGIO) de la Commission européenne. Cette semaine, du 7 au 11 octobre pour l’édition 2024, est ponctuée de nombreux événements et séminaires auxquels Grand Est-Europe a eu l’occasion de contribuer, en organisant une séquence propre ainsi qu’en intervenant à deux autres table-rondes.
Renforcer les Coopérations Universitaires pour la Solidarité avec l’Ukraine
Lors de cette édition 2024, Grand Est-Europe a organisé le 8 octobre un événement dédié aux coopérations universitaires pour la solidarité avec l’Ukraine. Ce fut l’opportunité de valoriser le soutien profond de la Région Grand Est et de ses partenaires apporté à l’Ukraine, au travers des liens entre les universités, et ce dans un contexte de solidarité accrue. En effet, s’engager envers l’Ukraine dans ce moment clé de son histoire est devenu d’autant plus important pour la soutenir dans son ambition d’intégrer l’Union européenne.
La participation de Tatiana Kaganovskaia, Rectrice de l’université nationale de Kharkiv, à cette rencontre, a démontré la détermination des universités ukrainiennes au travers de l’exemple de Kharkiv. Forte de ses 17 000 étudiants et de ses 28 facultés dispensant plus de 200 spécialités, l’université compte des équipes impliquées qui continuent à vivre sur place, à travailler et œuvrer pour l’avenir du pays, en se concentrant sur la reconstruction et les valeurs futures de l’université (innovation, inclusion, numérique).
Pour l’université catholique Jean-Paul II de Lublin, c’est Agnieszka Zaloga, Directrice de la représentation de la région de Lubelskie (voïvodie de Lublin) auprès de l’UE, région partenaire du Grand Est, qui a évoqué la force de la coopération universitaire avec l’Ukraine. Elle a ainsi témoigné des 39 accords de coopération internationale de l’université avec des universités ukrainiennes et des 400 étudiants originaires d’Ukraine accueillis au sein de l’Université de Lublin qui bénéficient de la gratuité des études. L’université de Lorraine, représentée par son Vice-président, Fabrice Lemoine, entretient par ailleurs des liens étroits avec l’université nationale Taras Chevtchenko de Kiev depuis le début des années 2000. L’évolution géopolitique n’a fait que renforcer considérablement ces liens sur des thématiques d’avenir en matière de nouvelles technologies vertes par exemple, mais également dans le secteur de la santé.
Avec l’intervention de Svein Hullstein, responsable des politiques de l’enseignement supérieur à la Commission européenne, la soixantaine de participants ont également pu mesurer l’ampleur du soutien mis en place par l’UE dès 2022. En matière d’enseignement supérieur et de recherche, ce soutien s’est illustré par l’adaptation du programme Erasmus+ : mobilité facilitée pour 12 000 étudiants et enseignants ukrainiens, renforcement des capacités (par ex. programme de développement numérique pour permettre aux étudiants de l’université de Kiev de suivre leurs enseignements à distance). La forte solidarité indéfectible entre les universités de l’UE et leurs homologues ukrainiens se traduit aussi au travers de l’initiative des alliances d’universités européenne : plus de 20 universités ukrainiennes y ont été associées.
Enfin, au travers de cet échange animé par Henriette Stoeber, analyste de la politique de l’enseignement supérieur à l’Association des universités européennes (EUA), les différents acteurs engagés du monde universitaire et des collectivités du Grand Est, de la voïvodie de Lublin, de l’Oblast de Karkhiv et de la Commission européenne, ont réfléchi ensemble aux perspectives pour l’avenir. Plusieurs pistes ont ainsi émergé : profiter du cadre européen pour une convergence des priorités de recherche (par ex. diversification des capacités d’approvisionnement énergétique) ; accélérer la mise en œuvre du processus de Bologne pour une reconnaissance facilitée des qualifications et des diplômes ; rapporter une stabilité et une vision d’avenir aux équipes de recherche dont les équipements ont été détruits.
Ruralités en Grand Est
D’autre part, les politiques de la Région Grand Est ont pu être mises en avant à deux reprises le mardi 8 octobre. En effet, la Direction générale de l’agriculture et du développement rural (DG AGRI) de la Commission européenne et l’équipe en charge de la coordination du Pacte rural européen organisaient une session sur « Avancer le Pacte rural : renforcer l’action locale pour l’avenir des zones rurales ». Cette session a été l’occasion de présenter l’agenda rural européen et de s’interroger sur sa mise en œuvre aux niveaux national, régional et local. Marie Clotteau de Grand Est-Europe a ainsi pu présenter « Le Pacte pour les ruralités », initiative adoptée par la Région en avril 2024 et qui prévoit un soutien de 800 millions € et 100 mesures concrètes pour aider à améliorer la qualité de vie, l’environnement & l’agriculture locale, la mobilité et l’attractivité des zones rurales du Grand Est.
Enfin, le Broadband Competence Office (réseau européen sur les compétences en matière de très haut débit) a organisé un autre événement le même jour intitulé « réduire le fossé numérique en soutenant les infrastructures numériques pour des régions intelligentes et durables ». Cette séquence a permis de questionner les stratégies des régions de développement de leurs infrastructures et compétences numériques afin de développer une numérisation de leurs services et des personnes. La Région Grand Est était invitée à présenter sa politique de déploiement de la fibre, qui a permis entre 2016 et 2023 de couvrir la quasi-totalité des zones rurales de la région. La coordination au niveau régional a permis des économies d’échelle ainsi qu’un déploiement réussi, financé grâce à 33 millions € de FEDER ainsi qu’à d’autres financements publics et privés.