La jeunesse et les universités au cœur de l’Europe  27/01/2022

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Comme leurs aînés, les jeunes d’aujourd’hui auraient besoin de pouvoir progressivement « sortir de leur cocon » et « croquer la vie à pleines dents » en saisissant toute opportunité se présentant à eux. Malheureusement, la crise sanitaire semble s’éterniser, le virus contraint les jeunes à respecter une « distance sociale », contraire à leur processus de socialisation, et entrave leur ouverture au monde…

C’est dans ce contexte que les institutions européennes ont décidé à la fin de l’année dernière de faire de 2022 une « année européenne de la jeunesse ». Au-delà du slogan, cette annonce signifie que la prise en compte des attentes spécifiques des jeunes est hissée au rang des priorités de l’Union européenne et que ce sujet sera décliné dans une série de mesures et d’initiatives européennes, du symbolique au concret, tout au long de l’année qui a débuté. A titre d’exemple, une grande « conférence européenne de la jeunesse » vient d’avoir lieu du 24 au 26 janvier, au Parlement européen, à Strasbourg.

En lien avec les enjeux pour la jeunesse, en ce mois de janvier, la Commission européenne vient également de présenter une stratégie ambitieuse et collective pour l’avenir de l’enseignement supérieur en Europe, un domaine spécifique pour lequel l’UE dispose de compétences limitées mais qui se trouve à la jonction de nombreuses politiques européennes. Avec 17,5 millions d’étudiants et plus d’1 million de chercheurs, les universités et les établissements d’enseignement supérieur européens ont un rôle essentiel à jouer dans la construction de l’Europe de demain et la formation des jeunes (et moins jeunes), au travers de leurs actions en matière d’éducation, de recherche et d’innovation.

Ainsi, la Commission européenne a présenté, le 18 janvier dernier, une « stratégie européenne en faveur des universités », élaborée sur la base de recommandations recueillies à travers une consultation publique conduite au cours de l’automne 2021. Ce document s’articule autour de quatre objectifs :

  • renforcer la dimension européenne de l’enseignement supérieur et de la recherche
  • promouvoir les universités comme lieux de rayonnement de notre mode de vie européen et préserver l’excellence et le caractère inclusif des universités de l’UE : diversité et inclusion, carrières dans le milieu universitaire et de la recherche, qualité de compétences adaptées à l’avenir, etc.
  • soutenir les établissements d’enseignement supérieur en Europe dans leur action en tant qu’acteurs clés de la double transition écologique et numérique de l’UE.
  • renforcer les universités en tant que moteurs du leadership de l’UE et de son rôle sur la scène mondiale pour contribuer à l’influence européenne dans le monde, à la fois en soutenant nos propres talents européens mais aussi en attirant les talents du monde entier.

Par ailleurs, la Commission européenne a également dévoilé un texte « visant à jeter des ponts pour une coopération européenne efficace en matière d’enseignement supérieur ». Celui-ci vise à permettre aux universités de coopérer de manière plus étroite, avec par exemple une mise en œuvre facilitée de programmes transnationaux communs et d’activités communes d’enseignement et de recherche. La Commission européenne a ainsi suggéré 4 initiatives phares d’ici mi-2024, dont le projet de porter à 60 le nombre d’alliances d’universités européennes. Ces alliances, dont le concept a été lancé en 2019, contribuent à construire une coopération intégrée à long terme entre les établissements d’enseignement supérieur à travers l’Europe, avec une approche transdisciplinaire, qui leur permet de gagner en attractivité. Suite aux appels à projets ouverts en 2019 et en 2020, 41 alliances ont été sélectionnées. Rassemblant plus de 280 établissements d’enseignement supérieur issus des 27 Etats membres de l’UE, du Royaume Uni, de Serbie, de Turquie, d’Islande et de Norvège, ces 41 alliances représentent près de 6,9 millions d’étudiants (soit environ 18% des étudiants de l’ensemble de l’espace européen). Parmi ces établissements se trouvent d’ailleurs trois universités du Grand Est : l’université de Strasbourg qui pilote l’alliance « Epicur » (European Partnership for an Innovative Campus Unifying Regions), issue de la première génération d’alliances universitaires européennes, et à laquelle participe aussi l’Université de Haute-Alsace. L’Université de technologie de Troyes pilote quant à elle l’alliance « EUt+ » (European University of Technology), depuis 2020. Pour soutenir une coopération plus étroite encore, la Commission européenne souhaite que soit établi un diplôme européen commun attestant de l’expérience internationale acquise par l’étudiant mobile. Enfin, la Commission européenne insiste au travers de ce document sur la nécessité d’accélérer le déploiement de la carte d’étudiant européenne avec un identifiant étudiant européen unique à tous les étudiants des universités en Europe d’ici la mi-2024.

Si elles ne sont pas nouvelles, ces propositions sont combinées pour la première fois dans une stratégie conjointe qui devrait initier les discussions avec les Etats membres. La stratégie touche en effet à une compétence nationale des Etats membres, la délivrance de diplômes, alors que beaucoup d’Etats membres demandent encore des équivalences de diplôme pour assurer la reconnaissance des diplômes délivrés au sein d’autres Etats membres.

Ces propositions ont été reçues positivement par la France qui y voit une avancée importante vers le développement d’un diplôme européen, mais aussi vers un soutien fort aux alliances d’universités européennes. Convaincue qu’il est nécessaire d’accompagner efficacement les mutations des universités européennes et de présenter une vision à long terme de ces alliances, la France a fait de ce sujet une des priorités de sa présidence du Conseil de l’UE : elle souhaite approfondir les propositions de la Commission européenne pour pérenniser les alliances d’universités européennes, les doter d’une culture, d’une identité et d’une gouvernance communes.

La « stratégie européenne en faveur des universités » a d’ailleurs été au cœur des échanges du Forum des universités pour le futur de l’Europe, organisé par la Présidence française de l’UE, les 25 et 26 janvier 2022, et qui a souligné le rôle fondamental des universités dans la construction de l’Europe de demain. En Grand Est, l’Université de Haute-Alsace (UHA), l’Université de Lorraine (UL), l’Université de Reims Champagne-Ardenne (URCA), l’Université de Strasbourg (Unistra) et l’Université de technologie de Troyes (UTT) y contribuent jour après jour.