Le Portugal s’apprête, pour la 4e fois de son histoire, à assurer la « présidence tournante » du Conseil de l’Union européenne pour les 6 prochains mois, et ceci dans un contexte où l’Europe est confrontée à une deuxième vague de la pandémie de covid-19 s’accompagnant de perspectives économiques et sociales particulièrement incertaines.
La présidence portugaise succédera au 1er janvier prochain à la présidence allemande. Cette dernière est parvenue à obtenir in extremis lors du Conseil européen des 10 et 11 décembre 2020 un accord politique permettant de mettre en œuvre le prochain cadre financier pluriannuel 2021 – 2027 (1 074 milliards), ainsi que le plan de relance européen (750 milliards d’euros), jusque-là tous deux bloqués par l’opposition de certains Etats membres au nouveau mécanisme conditionnant l’octroi de ces fonds au respect de l’état de droit. Il reviendra à la présidence portugaise d’assurer la finalisation de cet accord et la mise en œuvre du cadre législatif nécessaire au déploiement des futures politiques européennes.
En effet, si les institutions européennes se sont accordées ces dernières semaines sur de nombreux textes sectoriels – Fonds Européen de Développement Régional (FEDER), Fonds de Transition Juste, REACT-EU, ERASMUS +, Europe Créative, Horizon Europe, programme « Europe Numérique », pour n’en citer que quelques-uns – un important travail reste à mener afin de finaliser le cadre législatif des différents textes sectoriels qui accompagnent le cadre financier pluriannuel financier, par exemple sur la Politique Agricole Commune (PAC) ou encore le Mécanisme pour l’Interconnexion en Europe (MIE).
Ces textes portent des enjeux essentiels pour la mise en œuvre des politiques européennes dans les territoires, au service des citoyens européens.
Dans ce contexte, la présidence portugaise a choisi de placer son action sous le signe de cinq grandes priorités : l’Europe résiliente, l’Europe sociale, l’Europe verte, l’Europe numérique, la place de l’Europe dans le monde.
L’Europe sociale constituera pour la présidence portugaise un enjeu transversal et prioritaire : « notre fil rouge, c’est l’Europe sociale, l’idée que nous devons utiliser le modèle social européen comme une voie de sortie de crise (…) et aussi comme un facteur de croissance », selon la secrétaire d’État aux affaires européennes.
Europe résiliente : outre la mise en œuvre du plan de relance européen, l’action du Portugal portera sur le renforcement de la stratégie industrielle européenne, en lien avec la question de « l’autonomie stratégique européenne » à l’innovation -, avec le lancement d’Horizon Europe – mais également sur les politiques de cohésion économique, sociale et territoriale. Le renforcement du mécanisme de protection civile de l’Union et la capacité de réaction aux épidémies font également partie des priorités portugaises.
Europe verte : alors que les chefs d’Etat et de gouvernement se sont accordés les 10 et 11 décembre derniers sur l’objectif de -55% d’émissions de CO2 à l’horizon 2030, par rapport à 1990, la présidence portugaise, conformément à l’objectif de neutralité carbone de l’Union européenne, entend :
- encourager le déploiement d’instruments financiers, notamment par le biais de la Banque Européenne d’Investissement (BEI) afin de stimuler les investissements publics et privés dans ce domaine ;
- favoriser la numérisation et la gestion durable des ressources naturelles ;
- assurer la poursuite des négociations sur la réforme de la politique agricole commune.
Elle organisera en février prochain une conférence sur le changement climatique, ainsi qu’une autre sur l’hydrogène vert et la transition énergétique en avril.
Europe Numérique : l’accélération de la transition numérique et l’accompagnement des changements économiques et sociaux induits par celle-ci seront au centre de cette priorité, avec une attention particulière pour :
- le développement des compétences numériques et l’enseignement à distance ;
- la transformation des entreprises et des plates-formes numériques ;
- la promotion de la santé et de la prévention des maladies figurent au titre des priorités portugaises.
Ainsi que sur le déploiement d’un cadre européen éthique et fiable, qui figurera à l’ordre du jour d’une conférence avec la Commission européenne, en mars prochain.
Sur le plan international, outre la future relation entre l’Union européenne et le Royaume-Uni, la présidence portugaise concentrera son action sur le renforcement de la relation avec l’Afrique qui constituera une priorité transversale, ainsi que sur le renouveau des relations transatlantiques et l’intensification des relations avec l’Inde.