Santé et transfrontalier dans le Rhin supérieur  19/10/2023

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Source : Collectivité européenne d'Alsace

Dans le cadre de la « Semaine européenne des régions et des villes », la « Région métropolitaine trinationale du Rhin Supérieur » a organisé un atelier en ligne sur la « Santé sans frontière » le mardi 10 octobre, avec un soutien et la participation d’orateurs issus de la Collectivité européenne d’Alsace et de l’Université de Strasbourg.

Depuis de nombreuses années, et particulièrement depuis la pandémie de COVID-19 de 2020, la coopération transfrontalière en matière de santé est une priorité dans le Rhin supérieur. Quelles coopérations existent ? Quels sont les obstacles et potentiels dans la région ? La Région métropolitaine trinationale, qui fédère à la fois les acteurs politiques, scientifiques, économiques et la société civile du Rhin Supérieur, a souhaité revenir sur les défis et les enjeux de la coopération transfrontalière en matière de santé.

Source : Collectivité européenne d’Alsace

« Vallée de la vie, le Rhin Supérieur connaît des enjeux majeurs en matière de santé »

Mme Pascale Schmidiger, Vice-Présidente de la Collectivité européenne d’Alsace, a ouvert l’atelier en présentant les atouts et les défis que rencontre le Rhin Supérieur. Richement doté en matière de santé, avec des hôpitaux universitaires de renom, des établissements d’enseignement supérieur et de recherche performants en médecine et technologies médicales, le Rhin Supérieur est cependant confronté à des enjeux majeurs tels que l’accès aux soins, le vieillissement de la population, le développement des maladies chroniques, la prise en charge des urgences, mais aussi le manque croissant de professionnels de santé. Mme Schmidiger est ensuite revenue sur la « Stratégie 2030 » de la Région métropolitaine trinationale, qui s’est fixé pour objectif de dépasser les obstacles bureaucratiques pour faciliter l’accès aux soins.

« L’échange d’informations est primordial entre les administrations »

Ce travail d’ensemble s’appuie notamment sur le Groupe de travail « Politiques de santé » de la Conférence du Rhin Supérieur, dont le Co-Président M. Ljubiša Stojanović, du Département de santé du canton de Bâle-Ville, a détaillé les travaux. Témoignant des collaborations informelles et spontanées qui ont eu lieu durant les premiers temps de la pandémie, avec l’accueil en urgence de patients français dans les hôpitaux allemands et suisses, M. Stojanović a pointé le fait que les canaux de communication institutionnels n’ont fonctionné que dans un second temps. Le Groupe de travail « Politiques de santé » joue désormais un rôle de premier ordre en matière d’échange d’informations (offre de soins, urgences médicales, prévention, veille sanitaire avec EPI-RHIN).

En matière d’aide médicale urgente, la coopération s’appuie sur les accords de l’Alsace avec le Bade-Wurtemberg et la Rhénanie-Palatinat, dont l’application sur le terrain doit encore être renforcée. Par ailleurs, le centre de compétences trinational TRISAN est en passe d’être pérennisé et travaille sur la mise en réseau des acteurs, la mobilité des patients, la prévention, mais aussi l’attractivité des métiers du soin et la coopération entre les hôpitaux universitaires. Un autre sujet pour l’avenir : la digitalisation et la facilitation de l’échange numérisé d’informations.

« La problématique des maladies rares, c’est l’errance diagnostique »

Sur le plan de la coopération scientifique, qui est très dynamique dans le Rhin Supérieur dans les domaines de la santé, de la médecine, des technologies médicales, le Pilier Sciences de la Région métropolitaine a développé un instrument de financement, « Offensive Sciences », qui a permis d’investir plus de 21 millions d’euros dans la recherche et l’innovation. Mme Agnès Bloch-Zupan, enseignante-chercheuse à l’Université de Strasbourg, a témoigné de son expérience dans le cadre du projet RARENET, un réseau européen collaboratif autour des maladies rares, lesquelles concernent plus de 25 millions de personnes en Europe. Porté par l’Université de Strasbourg, ce réseau s’est développé dans le cadre d’un projet de trois années (2016-2019), cofinancé à 50% par le programme INTERREG et avec un budget total de 4 millions d’euros.

Ce réseau trinational (professionnels de santé, ingénieurs, médecins, entreprises, associations de patients…) vise à améliorer la prise en charge des maladies rares en investissant dans la formation et l’information, afin de diminuer l’errance diagnostique des patients. De nombreuses réalisations : modules pédagogiques pour les professionnels de santé, information du grand public, rencontres avec les patients, collection d’échantillons biologiques partagée, protocoles de prise en charge des patients, outils d’analyse génétique,… Les ressources de ce projet servent toujours à l’amélioration des connaissances et de la prise en charge des patients.

« Le transfert de technologies, c’est réunir les bonnes personnes au bon moment »

Sur le volet économique, Mme Malaika Lauk, PDG de Lauk Ventures GmbH et consultante en santé au sein de la plate-forme d’innovation BadenCampus, a parlé de son expérience dans le champ des technologies médicales et de l’innovation en santé dans lequel elle évolue depuis 20 ans. Selon elle, la coopération transfrontalière possède un réel potentiel pour connecter, innover, investir. Développer de nouveaux produits, de nouvelles technologies, implique de réunir des équipes pluridisciplinaires scientifiques, techniques, académiques, de trouver des partenaires (hôpitaux, laboratoires, entreprises), mais aussi des investisseurs car rien ne peut se faire sans soutien financier.

La plate-forme BadenCampus permet de connecter ces acteurs, de promouvoir les start-ups dans les sciences de la vie et le transfert de technologies vers les entreprises. Le Life Science Accelerator Baden-Württemberg permet notamment de « matcher » des start-ups et des investisseurs. Les Trinational Healthtech Days sont aussi un lieu de rencontre entre investisseurs, entreprises et start-up. Applications de santé, télémédecine, données de recherche, intelligence artificielle… les domaines d’innovation en santé sont nombreux. Mais comment améliorer la collaboration au sein de l’écosystème trinational du Rhin Supérieur ? Mme Lauk esquisse des pistes : harmoniser la législation, réduire les barrières bureaucratiques et linguistiques, rendre visibles les résultats de la recherche, promouvoir les clusters pour l’échange de savoir-faire entre entreprises, soutenir la collaboration des entreprises avec les universités et les centres de recherche dans la région…

 

Cet article est une contribution de la Collectivité européenne d’Alsace (CeA).