La présidence allemande du Conseil du l’Union européenne s’est terminée le 30 décembre 2020 par la signature d’un accord global sur les investissements entre l’UE et la Chine (AGI), le plus ambitieux de ce type conclu par la Chine.
Les flux cumulés d’investissements directs étrangers (IDE) de l’UE vers la Chine ont atteint plus de 140 milliards d’euros au cours des 20 dernières années et les IDE chinois vers l’UE ont été de 120 milliards d’euros. Or, le potentiel offert par l’économie chinoise peut amener les Européens à espérer davantage d’investissements sur place.
Les négociations ont duré 7 ans et ont porté sur de nombreux sujets économiques, commerciaux et sur des engagements liés comme la défense des droits de l’homme, les conditions de travail, en matière d’environnement et de climat. Ceci inclut notamment la mise en œuvre effective de l’accord de Paris sur le climat ou encore la ratification des conventions fondamentales de l’Organisation Internationale du Travail (OIT).
Contrairement aux traités commerciaux « globaux » comme celui entre l’Union et le Mercosur (Amérique du Sud) ou le CETA avec le Canada, cet accord avec la Chine ne concerne que les investissements. Avec l’AGI, l’objectif prioritaire des Européens est de tendre vers des conditions de concurrence plus équitables en Chine, en permettant un accès facilité des entrepreneurs au marché chinois, par l’établissement de règles claires en matière de respect de la propriété intellectuelle des entreprises européennes, de transferts de technologie et de subventions versées aux entreprises publiques chinoises.
L’accord doit permettre aux Européens un accès facilité à des marchés importants comme celui des véhicules électriques, des hôpitaux privés, des télécoms ou de la finance en Chine. L’Union a négocié aussi des simplifications en matière de procédure, comme l’élimination des restrictions quantitatives, des plafonds de participation ou des exigences en matière de coentreprise dans un certain nombre de secteurs. A noter que l’UE s’est dotée en 2020 d’un cadre permettant le filtrage des investissements étrangers dans des secteurs stratégiques.
Les deux parties se sont accordées sur un délai de deux ans pour finaliser les négociations. L’accord doit être discuté et approuvé par le Conseil et le Parlement européen.
Pour le Grand Est, cet accord européen s’inscrit dans le renforcement progressif des relations commerciales avec la Chine. En 2019, la Chine était le 10e plus gros client du Grand Est avec 1,175 milliard d’euros de marchandises exportées par les entreprises de la région. La prochaine installation par le géant des télécoms Huawei de sa première usine hors de Chine à Brumath, entre Strasbourg et Haguenau, est symbolique du rôle croissant des investissements chinois en Europe et dans le Grand Est. Dans le cadre de la coopération internationale, la Région est engagée dans des partenariats d’attractivité, dont un avec la province chinoise du Sichuan. Bénéficiant d’un positionnement géographique avantageux, cette province est un acteur important des deux grandes stratégies géopolitiques de la Chine « Go West » et la « Nouvelle Route de la Soie ».