Vers une transformation numérique de l’Europe d’ici à 2030  16/03/2021

Le 9 mars 2021, la Commission européenne a dévoilé sa vision de la décennie numérique de l’Europe d’ici 2030 et le plan qui décline les objectifs concrets.

Avec la crise sanitaire, le numérique est devenu omniprésent et les technologies numériques se sont imposées comme le moyen de maintenir la vie économique et sociale. La Présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a affiché, dès le début de son mandat, le caractère sine qua non de la priorité numérique au renforcement de la puissance de l’Union européenne et à sa souveraineté technologique face à la Chine et aux Etats-Unis. Dans son discours sur l’état de l’Union en septembre 2020, Ursula von der Leyen avait d’ailleurs appelé l’Europe à faire preuve de davantage de leadership numérique. Faisant suite à cet appel, le Conseil européen avait invité, en octobre 2020, la Commission européenne à présenter une « boussole numérique » complète pour exposer les ambitions européennes à l’horizon 2030.

C’est dans ce contexte que la Commission européenne a présenté un plan qui concrétise cette ambition autour de quatre cibles : une main d’œuvre mieux formée, des infrastructures améliorées, une transformation des entreprises et une numérisation des services publics pour s’adapter au nouveau monde connecté.

 

Développer des compétences numériques à grande échelle

La décennie numérique veut positionner le citoyen au premier plan, avec un objectif d’au moins 80 % d’adultes qui devraient avoir des compétences numériques de base, objectif déjà affiché dans le socle européen des droits sociaux.

Alors que près des trois quarts des entreprises ne trouvent pas les professionnels dont elles ont besoin, la Commission européenne souhaite voir « 20 millions de spécialistes des TIC employés dans l’UE, avec une convergence entre les femmes et les hommes » (contre 7,8 millions en 2019, dont 18 % de femmes).

Ouvrir de nouvelles perspectives économiques aux entreprises européennes

D’ici à 2030, la Commission européenne souhaite que 75 % des entreprises de l’UE utilisent les services informatiques hébergés (« cloud »), l’intelligence artificielle et les mégadonnées.

Sur le plan de l’innovation, le nombre d’entreprises en expansion devrait s’accroître permettant ainsi de doubler le nombre de « licornes » européennes (entreprises valorisées à plus d’un milliard d’euros) ; l’Europe comptabilise 122 licornes en 2021.

Renforcer le déploiement d’infrastructures fiables et de technologies de pointe

La boussole numérique vise à développer des infrastructures numériques sûres, performantes et durables. Ainsi, la Commission européenne souhaite que d’ici à 2030 tous les ménages de l’UE disposent d’une connectivité en gigabit et toutes les zones peuplées soient couvertes par la 5G. En 2020, 59 % disposaient du gigabit et 14 % des zones urbaines étaient couvertes en 5G. Les capacités de l’Europe en 6G devraient aussi être largement consolidées d’ici à 2030.

En matière de traitement des données, la Commission européenne vise à renforcer l’informatique de pointe pour pouvoir traiter les données plus près du domicile, avec le déploiement de 10 000 nœuds de périphérie hautement sécurisés et neutres pour le climat. En installant ces centres de données locaux au plus près des utilisateurs et entreprises, l’accès à des services de données serait ainsi garanti sur une faible latence (quelques millisecondes). Ces technologies de pointe traitant les données plus près de la source éviteront de s’appuyer sur des centres de données distants, souvent basés dans des juridictions étrangères pour traiter et stocker les données.

De plus, la Commission européenne veut doubler la part de l’UE dans la production mondiale des semi-conducteurs de pointe, devenus incontournables dans les objets de notre quotidien comme l’automobile ou les téléphones mobiles : c’est donc au moins 20 % de la valeur mondiale des microprocesseurs qui seraient produits en Europe à destination des voitures connectées, des téléphones, des objets connectés ou encore de l’intelligence artificielle (IA).

La Commission européenne souhaite aussi que l’Europe dispose du premier ordinateur avec accélération quantique : ces ordinateurs de nouvelle génération promettent des puissances de calcul incomparables par rapport aux capacités actuelles, et tous les grands pays industriels sont lancés dans une course scientifique dans ce domaine.

Garantir une société ouverte et démocratique avec la numérisation des services publics

La Commission européenne vise un taux de 100 % à atteindre pour la fourniture en ligne des principaux services publics disponibles pour les citoyens et les entreprises européens, d’ici à 2030. En matière de santé, tous les citoyens européens devraient avoir accès à leurs dossiers médicaux électroniques. Enfin, un enjeu majeur réside dans la mise en œuvre de l’identité numérique des Européens, la Commission européenne souhaitant que 80 % des citoyens utilisent une solution d’identification numérique européenne d’ici 2030.

Pour réussir la transition numérique et favoriser une économie dynamique et durable, la Commission européenne prévoit de subventionner des projets de coopération multinationaux : le plan de relance de l’UE envisage de consacrer aux technologies numériques 20 % de ses financements, soit jusqu’à 145 milliards d’euros sur les trois prochaines années. En complément, chaque plan national de relance devrait consacrer également à la priorité numérique, au moins 20 % des financements prévus.

La Commission européenne lancera bientôt un vaste processus de discussion et de consultation sur cette « boussole numérique » présentée le 9 mars, y compris avec les citoyens : elle envisage un dialogue avec les États membres, le Parlement européen, les autorités régionales, les partenaires économiques et sociaux, et les entreprises. Elle prévoit également de lancer un forum multipartite sur la « boussole numérique ». Toutes ces concertations viseront à proposer un programme de politique numérique d’ici la fin de l’été et une déclaration interinstitutionnelle d’ici la fin de 2021.

Enfin, la Commission européenne a proposé de vérifier au moyen d’un Eurobaromètre annuel si les Européens ont le sentiment que leurs droits numériques sont respectés.